mardi 28 juillet 2020

Je suis très heureuse de faire partie de l'exposition Balak #10 imaginée par Mehryl Levisse, visible librement tout l'été dans les rues de Charleville-Mézières. Ma pintade prendra place sur la porte de l'ancienne pizzeria Alizée. 


Balak #10 

Du 10 au 31 août 2020, Charleville-Mézières 

Olaf Breuning, Daniel Buren, Claude Closky, Julie Faure Brac, Joséphine Kaeppelin, Sylvie Lehmers, Violaine Lochu, Françoise Pétrovitch, Katrin Ströbel, Corinne Troisi, William Wegman 

commissariat : Mehryl Levisse 

texte de Sasha Pevak 

Depuis neuf ans, l’espace temporaire d’art contemporain Balak transforme de nombreux défis en possibilités. Implantée dans la région Grand Est à Charleville-Mézières, ville natale d’Arthur Rimbaud riche de programmations dédiées à la poésie, ainsi que la capitale française de l’art de la marionnette, cette structure a été créée en 2011 par l’artiste Mehryl Levisse, afin de combler le vide institutionnel en matière d’art contemporain et de proposer une programmation régulière d’expositions. La 10e édition qui se déroule dans le contexte très particulier du post-confinement, s’intéresse aux espaces du commerce local qui disparaissent progressivement du paysage urbain depuis des décennies déjà, suite à l'expansion de grandes enseignes, au déplacement de commerces sur Internet et à la centralisation de l’économie dans les grandes villes. En réponse à ces phénomènes, ainsi qu’à la raréfaction de contacts humains, Balak par une multitude de gestes artistiques cherche à réenchanter ces lieux, aujourd’hui déserts, et à offrir aux habitant.e.s de Charleville-Mézières des moments pour s’échapper du quotidien et renouer les liens sociaux. Balak #10 occupe les vitrines et enseignes de dix-neuf commerces désaffectés dans les rues de Charleville-Mézières, de la Ronde Couture à la rue du Moulin en passant par l'Hôtel de ville, la place de Mohon, l'avenue Charles de Gaulle et la place Nevers, entre autres. Avec une participation tant des artistes émergent.e.s que des artistes plus établi.e.s, il offre une large variété de formes d’expression artistique et d’approches. Celle-ci va des œuvres graphiques, photographies et installations in-situ jusqu’aux interventions textuelles et partitions ; des propositions poétiques ou teintés d’humour jusqu’aux travaux plus radicaux et politiques. Les œuvres, qui s’insèrent dans le tissu du quotidien de la ville et entrent en dialogue avec le paysage urbain, composent un parcours ouvert et accessible à tou.te.s. Daniel Buren e t Corinne Troisi répondent à l’invitation en proposant des installations conçues spécialement pour Balak #10. Si la première est composée des fameuses bandes de couleurs blanches et vertes de Daniel Buren posées sur vitres, la seconde consiste en un poème amoureux qui ne peut se lire qu'en fonction des reflets de la lumière ; les deux artistes interagissent avec l’espace environnant dans un jeu poétique avec les transparences et les réfractions de la lumière. Avec les vastes cartes-partitions des performances que Violaine Lochu fait déployer dans les vitrines, elle évoque ses œuvres dans lesquelles la voix interroge également la relation entre l’humain et son environnement. Dans Charades (2020) (5 vitrines), produit à l'occasion de l'exposition, Claude Closky s’emparant des slogans publicitaires invite les spectateur.rice.s à résoudre des charades autour de l’univers de la consommation ; tandis que l’oeuvre Il faut qu'il se passe quelque chose (2014) de Joséphine Kaeppelin, réalisée dans une esthétique minimaliste, offre une phrase incitant à l’action immédiate qui, une fois décontextualisée et placée dans l’espace urbain, peut susciter des lectures variées. Avec des pratiques politiquement engagées autour de l’identité, Sylvie Lehmers présente des affiches manifestes I.SL001 (2020) et I.SL002 (2020), dans lesquelles elle interroge les normes de la société et le contrôle des corps qu’elle impose, tandis que Katrin Ströbel, par le biais de la poésie, jette la lumière sur les systèmes de domination des corps dans leur relation à l’espace urbain. Dans une esthétique p o p qui se mêle à l’humour sont réalisées les photographies, visuellement fascinantes, de William Wegman et d’Olaf Breuning, qui tous les deux mettent en scène des scénarios « animaliers », inspirés des situations de la société humaine et restant libres à l'interprétation par des publics. Dans une veine plus fantaisiste, Françoise Pétrovitch démontrent les corps féminins sous une lumière intime dans les lithographies Fille aux cheveux-gouttes (2012) et Sur un pied (2011) exposées dans les deux vitrines face à face, et Julie Faure-Brac dans Qu'est-ce que tu veux ? (pintade)(2019) représente un de ses « humanimaux » rêvés, résultats d’hybridation entre humain et animal. Dans le travail de ces deux artistes, les êtres imaginaires apparaissent comme suite de métamorphose, du passage entre notre monde et l’au-délà. Riche d’une variété de regards et approches artistiques, Balak #10 permet d’attirer l’attention sur les anciens espaces de commerce de la ville et à leur rendre hommage, tout en se penchant sur leur rôle en tant que lieux de désir, d’échanges monétaires, de communication et de socialisation dans une ville. L’exposition incite à réfléchir sur l’évolution du paysage urbain et de l’espace public, sur les interactions entre la ville et ses habitant.e.s, ainsi que sur la dématérialisation des rapports humains et l’automatisation de vie qui se sont récemment accélérées partout dans le monde.


 

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